Lorenzo ~~>
NOTIONS FONDAMENTALES

LE CONDENSATEUR

Bonjour à toutes et à tous.

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Je dois avouer que j’ai un faible pour ce composant, je me souviens qu’en cours d’électricité certains plaisantins s’amusaient à en charger directement sur les prises secteur avant de les lancer à leurs victimes… En plus d’être hilarant, cela permettait de détecter les malades du cœur. 🙂

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Un peu d’histoire…

Au tout début du condensateur, le composant en question n’avait pas encore de nom et pour lui en trouver un, une réunion de savants un peu barrés se tenait dans un manoir isolé en pleine campagne Française. Cela faisait un moment qu’ils réfléchissaient tout en buvant des verres et tournant autour d’une table immense sur laquelle étaient posés quelques (gros) exemplaires de l’animal.
Le maître des lieux, particulièrement éméché se saisit alors d’un des exemplaires par les électrodes et se ramassa une châtaigne de derrière les fagots qui lui fit danser une gigue involontaire mais endiablée…
Il était cinq heures du matin et un paysan qui s’en allait aux champs en passant devant la fenêtre vit le spectacle de son patron les cheveux dressés sur la tête, s’agitant de manière frénétique au milieu des rires de ses collègues.
Il se mit à crier en direction de sa femme qui nourrissait les canards un peu plus loin, la phrase suivante restée célèbre :

– « Viens voir Madeleine ! Le con danse à ct’heure ! »

La fenêtre étant entre-ouverte, l’un des convives entendit les derniers mots… Vous imaginez la suite.

Bon… OK, cette histoire est inventée de toutes pièces (et sa traduction pour mes lecteurs non Francophones va être folklorique), mais s’y pose une question intéressante : Pourquoi est-il appelé ainsi puisqu’il ne condense rien du tout ? (en cherchant un peu, on va bien trouver une analogie mécanique…). Je ne vais pas m’attarder là-dessus, mais il y a un vrai fossé entre l’Académie française et la technique et c’est dommage pour les deux parties. Là, on a fait fort : douze lettres, quatre syllabes et un mot qui n’a rien à voir avec la propriété principale du composant… L’imbécile qui a forcement donné son accord ne devait pas savoir de quoi il retournait… Encore un dont la famille n’a pas fini de boire sa honte reçue en héritage.

Caaaaaalme… Du calme… Voila… Tout va bien… Regarde !… Un oiseau…

Plus sérieusement, et historiquement, c’est une invention qui date de 1745 venue des Pays-Bas, et qui comme beaucoup d’inventions était plus le fruit du hasard que de l’expérimentation orientée. D’ailleurs les premières applications n’étaient pas vraiment sérieuses. Il faut dire que l’électricité à l’époque était plutôt statique 🙂 et ce, dans les deux sens du terme, en gros, à part fabriquer des machines à châtaignes, on ne savait pas trop quoi en faire.
Bref, le premier condensateur était un récipient commun, son nom : la bouteille de Leyde (du nom de la ville qui l’a vu naitre). Et a vachement servi… Dans des foires pour commencer.
Voilà pour l’histoire, bien que certains disent qu’en vérité l’invention est Allemande et que la bouteille de Leyde (appelée aussi « pot de Leyde ») est née en 1746, bon, c’est pas trop grave tout ça…

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Condensateur… Quésaco ?

Dans l’article sur la résistance, j’ai écrit qu’elle était le composant le plus usité, il s’en est fallu de peu, le condensateur n’est vraiment pas loin derrière, il suffit d’étudier n’importe quel circuit imprimé pour se rendre compte qu’il y est très employé, et dans différentes fonctions car comme nous allons le voir, monsieur est polyvalent…

C’est un dipôle passif, enfin passif… Il faut le dire vite puisqu’il  fait partie selon moi des composants fourbes et dangereux, j’en ai déjà vu certains manifester ce danger en explosant, d’autres en gazant l’atmosphère (une de mes filles en gardera le souvenir toute sa vie), d’autres carrément en prenant feu. A partir d’une certaine tension/capacité, il peut même y avoir danger de mort par électrocution. Donc gaffe !

Il en existe de toutes tailles, formes et couleurs, certain anciens étaient vraiment jolis, bariolés de couleurs vives (code couleur) et faisaient penser à des bonbons (je vous l’avais dit qu’il était fourbe).

Bonbons

On en mangerait…

Le condensateur (capacitor en anglais) est aussi appelé « capacité » (capaciteur devrait à mon avis être son nom usuel), les deux sont souvent abrégés dans le métier en « condo » et « capa ».
Basiquement pensant, il peut-être considéré comme un accumulateur d’énergie mais ce serait réducteur étant donné qu’il possède quelques autres talents, enfin, pour commencer avec lui, considérez le comme tel en attendant mieux. D’ailleurs c’est cette principale caractéristique qui est à la base de ses fonctions cachées.
A la différence de l’accumulateur classique qui utilise une réaction chimique, notre ami utilise les propriétés d’un champ électrostatique, ce qui change pas mal de choses…
Déjà au niveau de la vitesse de charge et de décharge pratiquement instantanée, ensuite la bête peut envoyer bien plus d’intensité qu’un accumulateur dans le même temps et sa durée de vie est bien plus importante. Nous pourrions nous dire alors que le vieux système de l’accumulateur va bientôt disparaître mais les choses ne sont pas si simples.
En effet, le condensateur ne garde pas sa charge aussi longtemps qu’un accumulateur (loin, très loin de la…) et est de bien moindre capacité à volume égal.

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Comment fonctionne t-il ?

Malgré une technologie des plus simpliste, il n’est pas vraiment évident à comprendre, nous sommes dans le domaine des composants « électrostatiquomagnétiques » où se côtoient d’autres étrangetés comme les bobines, les transformateurs, les électro-aimants… je vais résumer cela par un truc pas facile à appréhender non plus mais qui en résulte directement, le fait de l’accepter suffira. Alors voilà :

Le courant ne passe pas à travers un condensateur.

Enfin, quand il fonctionne correctement… Pourquoi ? Tout simplement parce que c’est physiquement impossible car l’intérieur de son boitier se compose d’un isolant pris en sandwich entre deux conducteurs séparés chacun relié à une patte du composant.
Le transfert de charges ne se fait donc pas par l’intérieur du composant, où va se créer un champ électrique qui va jouer un rôle d’aspirateur de charges d’un coté et réjecteur de l’autre, ce qui va bien faire circuler un courant, mais rien n’est passé à travers l’isolant (qui sinon, porterait un autre nom). Bon, il parait qu’il y a quelque chose qui passe quand même, et c’est logique puisqu’il s’agit d’un champ électrique, reste à savoir quoi exactement, combien, comment… Mais qu’importe, c’est peut-être un truc quantique, donc un phénomène qui obéit à des lois qu’on a peine à comprendre et c’est d’ailleurs pour cela qu’on y prête pas vraiment attention. Pour moi, le « quantisme » est une religion scientifique (!), dont les adeptes sont aussi bizarres que leurs explications, mais encore une fois, je m’égare… 🙂

Ceci dit, il y a des limites, si la tension est trop forte l’isolant va moins bien faire son job et la charge va passer au travers, ce qui le plus souvent signe la fin de vie du composant.  Je pourrais l’imager en vous expliquant que nous avons tous fait partie intégrante d’un tel spectacle puisque que nous vivons dans l’isolant d’un méga-super condensateur à air et qu’on s’en rend bien compte pendant les orages au moment où l’armature positive se vide brutalement de sa charge sur la négative… Et ainsi vous laisser entendre que ce n’est qu’un phénomène naturel (ceci dit, vous en connaissez beaucoup vous, des phénomènes surnaturels ?). Mais c’est tout à fait personnel comme raisonnement et je vais garder ça sous silence… Heu… Attends un peu… Pourquoi tu l’écris alors ?

Vous pouvez en fabriquer un de manière simple avec deux feuilles d’aluminium et une de papier par exemple. Bon, il faut nommer les choses scientifiquement et appeler l’aluminium « armature » et le papier « diélectrique ».
Collez les deux armatures de chaque coté du diélectrique, puis connectez un fil sur chacune des armatures… Bravo !… Vous venez de fabriquer un (petit) condensateur.
C’est donc sur ce principe qu’ils sont encore fabriqués de nos jours, sauf qu’il y a eu quelques innovations sur le procédé et les matières utilisées.
Déjà, pour des raisons d’encombrement on roule les armatures (dont la taille est très liée à la capacité), on  les dispose aussi en peignes, ensuite pour des raisons de performances on utilise différents diélectriques.
Pourquoi ? Parce que tel ou tel diélectrique modifie certaines propriétés du condensateur, chacun va avoir une influence sur la capacité, la tension maximum, la résistance, la température admissible, la déviance en température, l’effet mémoire, le courant de fuite et bien d’autres choses comme par exemple le diélectrique auto-cicatrisant qui va accepter de se laisser traverser par un arc électrique de temps en temps sans passer de vie à trépas.

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Deux régimes

Imaginez un circuit super simple comprenant une source de tension et un condensateur. Si vous envoyez une tension continue, un coté du composant va se charger positivement, l’autre négativement jusqu’à l’équilibre, il est alors chargé au potentiel de la source de tension et plus rien ne passe dans le circuit comme si le condensateur était un interrupteur ouvert. Si vous inversez la polarité de la source, hormis l’éventualité que le condo soit polarisé et vous pète à la tronche, alors le champ électrique s’inverse et la charge se meut de l’autre coté en entrainant de nouveau une circulation de courant (dans l’autre sens) le temps de retourner à l’équilibre et de bloquer de nouveau le circuit. Ajoutez une résistance et vous observerez le même phénomène mais plus lentement, félicitations ! Vous venez de réaliser une base de temps (rudimentaire et qui pourrait être le « Hello World » des électroniciens plutôt que le bête allumage d’une LED).

Donc, vous l’avez compris, pour décharger un condensateur, il faut lui brancher une charge, ou bien lui court-circuiter les pattes (pas vraiment conseillé sur un gros).

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas super intéressant notre ami, soumis en régime continu, à moins d’inverser régulièrement le sens du courant, il se comporte dans le genre bloquant… De là à imaginer de varier le champ en lui envoyant de l’alternatif, il n’y a qu’un pas et comme de bien entendu, le condensateur va se charger/décharger sans arrêt au rythme de la fréquence du flux électrique puisqu’en alternatif sa polarité va changer périodiquement. Terminé l’équilibre, fini le blocage, il y a bien circulation permanente (dans un sens puis dans l’autre) d’un courant dans le circuit, avec une petite particularité cependant :  les éventuelles sautes d’humeurs de la source sont « lissées » par la présence du condensateur, adoucies, filtrées en quelque sorte et ça, c’est très utile dans bien des applications.

Je signale en passant une évidence : si vous envoyez une tension de x  Volts dans un condensateur, il chargera et déchargera la même tension. J’explique ça parce que j’ai connu quelqu’un dont je tairais le nom, qui pensait que la tension de charge était liée au choix du composant… Non ! La tension inscrite sur un condensateur est sa tension maximum supportée, il est donc possible (et même conseillé), d’envoyer une tension inférieure à sa tension de service (pas trop inférieure quand même). Et à ce propos, n’oubliez pas que la tension crête/crête en alternatif est bien supérieure à la tension moyenne.

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A quoi sert-il ?

Ainsi que je l’ai écrit plus haut, il est assez polyvalent et on va se servir de ses propriétés en l’associant à d’autres composants afin d’étendre ses possibilités.

Par exemple :

  • Réservoir auxiliaire en cas de micro-coupure.
  • Antiparasitage d’un dispositif électrique (relais, moteur, contacteur).
  • Aide au démarrage d’un moteur électrique à fort couple.
  • Filtrage d’impulsions donc lissage de tension.
  • Filtrage de fréquences, très utile en audio et radio.
  • Séparation alternatif/continu.
  • Sauvegarde d’un état (mémoire).

Et bien d’autres choses comme une base de temps en le chargeant et déchargeant à travers une résistance ou bien un oscillateur en le reliant en parallèle avec une self…

De mon coté je l’utilise surtout à des fins de réparation, de déparasitage et de lissage. En conception, c’est un peu pareil, en général je ne calcule pas trop puisque je ne fais souvent que lire les recommandations des datasheets de composants spécifiques du type capteurs. On y trouve des schémas de mise en diverses situations avec des composants à ajouter qui sont souvent des condensateurs en raison du fait que très peu de circuits intégrés en contiennent (et si c’est le cas les capacités sont vraiment très faibles).

Si vous regardez bien un circuit, vous vous rendrez compte que notre ami sert beaucoup en séparation alternatif/continu, ainsi qu’en découplage (filtrage d’impulsions connecté entre le positif et la masse) car il a une forte propension à résister aux variations de tension.

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Comment le choisir :

en premier lieu il faut savoir où il va évoluer, et ce qu’il va y faire… Ça nous donnera des indications sur au moins ses trois caractéristiques principales qui sont :

  • Sa tension de service, donc la valeur maxi de la tension utilisée.
  • Sa capacité, donc la valeur maxi de la charge.
  • Son type, donc la nature du diélectrique.

A cela peuvent s’ajouter sa forme, sa température maximum d’utilisation, sa résistance série équivalente (la fameuse ESR), sa résistance parallèle, son inductance série, et Jean passe, ce qui est toujours un plaisir…

Comme je l’ai déjà mentionné, il existe plusieurs types de condensateurs. Ils peuvent êtres polarisés ou pas, ce fait dépend de leur capacité car le mode de fabrication des modèles à grosses capacités exige une polarité. En passant, il est bon (et logique) de savoir qu’en général et dans son type, la taille du composant est proportionnelle à sa capacité, donc les gros sont souvent polarisés, et les petits souvent non. Il y a des exceptions comme les électrolytiques qui ont de fortes capacités dans de petits boitiers polarisés. En cas de composants polarisés, le positif est généralement noté sur le corps du composant, encore que sur les électrolytiques c’est plutôt le négatif qui l’est.

Les plus usités sont donc :

  • Le céramique plutôt solide (pas aux chocs) et très utilisé en radio.
  • Le plastique (polyester,polystyrène,polypropylène,polycarbonates,mylar…).
  • L’ électrolytique (appelé aussi électrochimique ou plus simplement chimique) est très utilisé dans les alimentations, son inductance est la plus importante par rapport aux autres.
  • Le mica, précis et donc utilisé en radio.
  • Le papier, sec, huilé, métallisé, pas mal utilisé à une certaine époque en audio et en antiparasitage moteur. Remplacé par le plastique (polypropylène).
  • Les variables, à air, de faibles capacités. Un autre condensateur variable est en fait une diode : la « varicap » avec laquelle nous restons dans les faibles capacités.

Il y en a encore quelques autres, plus chers, plus rares, plus anciens (verre, téflon, silicium…)

Alors, c’est à chacun ses qualités et ses défauts, le céramique accepte la haute tension et est très fiable mais est limité en capacité et est sensible à la chaleur (variation de capacité). L’électrolytique est très abordable et son rapport taille/capacité est intéressant mais il est peu performant en hautes fréquences, vieillit plus vite que les autres et a horreur de la chaleur (il est très sensible aux variations sa capacité augmente à la chauffe et inversement). Le tantale offre un rapport capacité/volume très intéressant mais travaille en basse tension, s’enflamme si la polarité s’inverse et a tendance à se mettre en court-circuit lors de son trépas. Le mica est super stable, prend de grosses tensions mais ne vieillit pas toujours bien et sa capacité est faible. Le plastique est assez polyvalent (surtout le mylar) et prend d’assez grosses tensions, le papier existe toujours et est très prisé des audiophiles (le huilé surtout)… Pour compliquer un peu les choses, il y a certaines exceptions au sein d’une même famille puisqu’on peut varier les diélectriques (surtout les chimiques). Encore un détail,  ils ont tous (avec quelques rares exceptions) une sainte horreur des chocs et de la chaleur.

En ce qui concerne l’unité de mesure de la capacité de cette espèce de réservoir qu’est un condensateur, on utilise le Farad (en honneur à Michael Faraday (1791-1867) qui pourtant n’a rien à voir avec l’histoire du composant dont nous parlons) , alors un Farad c’est une unité assez énorme, c’est pourquoi on utilise comme souvent en électronique des sous-unités qui commencent dans ce cas à partir du picofarad.

On peut disposer plusieurs condensateurs en série ou en parallèle, cela pose néanmoins quelques problèmes (l’augmentation de l’ESR par exemple) mais ça permet des trucs sympas du genre dépolarisation d’un électrolytique ( en série et tête-bêche). Les calculs sont les mêmes que pour les résistances mais inversés, c’est à dire que la formule de mise en parallèle pour la résistance s’applique pour la mise en série du condensateur, et celle de la mise en série s’applique pour la mise en parallèle…

Je ne vais pas parler du marquage parce que c’est une horreur… Entre les CMS pas marqués du tout, les vieux codes à points, les différents codes couleurs à travers les pays et les âges… C’est l’anarchie ! Encore que ça s’arrange maintenant avec un marquage en clair sur les composants de taille raisonnable, cela reste donc problématique pour les petits céramiques dont la surface ne permet qu’un codage et aussi pour les CMS qui sont souvent vierges de toute inscription. Je vous conseille d’aller faire un tour dans la jungle du net où vous pourrez tout savoir sur l’histoire du marquage de ce composant (il vous faudra consulter plusieurs sites pour cela). C’est important car le marquage ne concerne pas que la capacité, comme pour les condensateurs de sécurité X et Y (X1,X2,X3,Y1,Y2,Y3).

Vite fait un mot sur les formules associées à ce composant. Je ne vous en donne qu’une seule :

Q=CU

Les unités utilisées sont: le Coulomb pour la capacitance (Q), le Farad pour la charge stockée (C), et le Volt pour la tension aux bornes du condensateur (U).

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Et quand il claque :

si c’est un gros électrolytique, ça peut être vraiment impressionnant ! Mais comme bien souvent, l’agonie se fait à guichet boitier fermé nous privant du spectacle (dangereux) de ce triste moment dont seul le résultat sera visible… Pourquoi meurt-il ? ça dépend de bien des choses, en général en vieillissant il ne supporte plus son régime de fonctionnement et explose, ou bien c’est le régime de fonctionnement qui change… Selon sa nature et sa taille, il va se comporter différemment. Un électrolytique, contenant un diélectrique en partie sous forme liquide dans son boitier étanche va abimer son contenant en le bombant et se mettre à suinter, si l’évènement est violent, alors il va exploser dans une direction (généralement vers le haut) à travers un évent pré-formé à la construction. Un condensateur papier va bruler et s’il fait partie de la race des « huilés » va provoquer une abondante fumée d’une drôle d’odeur. Un condensateur plastique va fondre et peut aussi dégager de la fumée (un peu plus toxique qu’un papier, et moins qu’un chimique). Et ils peuvent tous exploser, certains en laissant un beau foutoir…

Il ne fait donc pas partie des composants les plus fiables, à sa décharge (pas pu m’en empêcher… 🙂 ), il faut dire que certains supportent de sacrés tempos de fonctionnement (sous tension secteur par exemple un condensateur se retrouve avec des cycles charges/décharges 50 fois par seconde…), et encaissent de l’intensité… Dans une recherche de panne, il est des tous premiers observés (juste après les fusibles). Il y a cependant une exception, un type de condensateur immortel, insensible aux chocs, qui n’explosera jamais, et gardera toute sa vie sa capacité: le condensateur à air. Drôle d’animal, le plus souvent ajustable, composé de plaques de tôles empilées et espacées, souvent montées sur un axe rotatif permettant un réglage fin de la capacité. Bon, il ne faut pas trop lui en demander, il possède le pire rapport taille/capacité de la famille, avec lui, on parle en picofarads.

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Le dépannage :

et bien, une légende assez vivace nous raconte que la détection d’un condensateur en panne est simplement visuelle… Heu… Oui et non, effectivement s’il a explosé il n’y a pas de doutes, s’il est gonflé (facile à voir sur un électrolytique), c’est aussi une possibilité mais j’ai déjà vu des électrolytiques gonflés fonctionner normalement et d’autres d’aspects normaux êtres hors-service.
Bon, un condensateur gonflé doit quand même être remplacé et si le problème persiste, les autres doivent êtres testés, pour ce faire il faut en vérifier leurs capacités à l’aide d’un capacimètre (souvent intégré au multimètre), ce n’est pas toujours suffisant et un autre outil assez efficace est le testeur de composants qui permet en plus de vérifier l’ESR qui a tendance à grandir avec l’age et qui finit par poser de gros problèmes alors que la capacité est toujours OK.

Un cas particulier, « la peste des condensateurs » : à partir de l’an 1999 et jusqu’à 2007 si je me souviens bien, un fabriquant d’électrolyte s’est un peu planté dans sa formulation (une certaine quantité de raisons pas toutes très « catholiques » sont en causes), et comme il fournissait tout un tas de sociétés qui produisaient des condensateurs électrolytiques aluminium, il s’est avéré que tous les composants ainsi dotés se sont retrouvés avec un taux de panne anormalement élevé et selon leur capacités et rôles cessaient de fonctionner correctement, certains en suintant par leurs évents ou joints et répandant (ou pas) du fluide corrosif, d’autres en brulant/explosant, d’autres encore en évacuant des gaz (bon, rien de nouveau dans son comportement en cas de problèmes). Je le confirme, j’en ai vu au boulot sur du Mac et du PC. Bref, les lots produits avaient une durée de vie bien inférieure par rapport aux composants à l’électrolyte correctement formulée et bien souvent laissaient des traces sur les circuits imprimés. Marrant que le terme de « peste » ai été utilisé car d’après mes grimoires, la ville de Leyde (dont je vous rappelle que notre ami est originaire) avait déjà payé en 1655 un pesant tribut sous forme d’âmes fraiches (pas toutes) à la vraie peste qui a remis la population à zéro (pas loin). Encore d’après mes grimoires, et toujours au sujet de cette belle ville de Laide Leyde (que je n’ai jamais visitée), figurez vous qu’en 1807, un quartier de la ville (près du port) a brutalement disparu suite à la méga-explosion d’un bateau transportant de la poudre noire (et un fumeur invétéré).
Donc, la peste en 1655 et la grosse explosion en 1807, entre les deux, l’invention du condensateur, un truc sujet à la peste et ne dédaignant pas exploser dans certains cas… Troublant, à moins qu’il n’existe une autre ville du même nom, n’ayant connue aucune catastrophe, une petite ville bien paisible, traversée par des canaux aux courants tranquilles et bienveillants, implantée au milieu de champs de tulipes chantantes dans une explosion féerie de couleurs, avec des rues qui alignent des étals de fromages à l’odeur pestilentielle délicate… … … … … C’est quoi ce délire ?… … … … … Bon… … … … … Médicament… … Eau… … Verre… … Heu… … Verre… … Eau… … Gloup !!!… … … … …
Tiens, il fait jour… Ou en étions-nous les amis ?

C’est bien de détecter un condensateur en panne, mais ça ne va pas résoudre le problème si son vieillissement (même prématuré) n’est pas la cause de son trépas… Souvent c’est le régime de fonctionnement qui a changé, et donc un autre (ou d’autres) composant(s) en amont ou en aval, donc ne vous étonnez pas s’il claque à nouveau ou bien si le problème persiste. Les composants électroniques sont de plus en plus fiables, mais aucun n’est immortel (sauf le condensateur à air, encore que l’oxydation pourrait avoir raison de lui…).

Alors, votre capacimètre vous annonce que sa contenance réelle est très différente de celle qu’il exhibe sur son boitier et que la valeur de sa résistance série équivalente est énorme… De plus, il a piètre figure: il est bombé, le joint caoutchouc à la base dépasse beaucoup trop et suinte… Pas de doute, il pose problème et il faut Le changer…

Contre un de même nature déjà, bon il est possible dans certains cas d’utiliser avec bonheur un autre type (papier vers plastique par exemple ça marche bien) mais il est clair que le choix de la nature du composant est lié à la conception du tout avec une très bonne raison, ensuite on essaye aussi de choisir un condensateur très proche en capacité, par contre rien n’empêche de mettre un condensateur avec une tension de service supérieure (mais pas trop non plus si vous voulez qu’il vieillisse normalement).

Il est possible de remplacer un polarisé par un non-polarisé mais pas le contraire, ajoutez-y le fait que si vous trouvez la bonne capacité (pas évident) vous risquez certainement de vous retrouver avec un problème de taille.

Il est aussi possible aussi de choisir un composant avec une tension de service supérieure mais jamais inférieure.

Ensuite on soude, attention de faire attention à la polarité si elle existe, attention aussi de ne pas trop attarder l’outil de chauffe, je l’ai certainement déjà signalé mais c’est important: le condensateur n’aime pas du tout la chaleur et vous seriez surpris du nombre de ceux qui sont tombés en panne au montage.

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C’est terminé.

Voila, nous atteignons la fin de cet article, je ne me suis pas attardé sur certains points parce qu’il y a une documentation énorme sur la toile notamment sur les formules adaptées et ce satané marquage.
J’ai omis  aussi de vous montrer son symbole, mais vous n’aurez pas à le chercher bien longtemps.

Mon résumé sera concis : le condensateur, comme beaucoup de composants est d’un principe plutôt simple, mais ça peut se compliquer méchamment suivant le rôle que vous voulez lui faire jouer. Ce qu’il faut donc retenir, c’est que c’est un accumulateur/réjecteur de charges, qu’il bloque le continu mais pas l’alternatif, qu’il résiste aux variations de tension, que sa contenance est liée à la taille de ses armatures, qu’il peut-être polarisé, n’aime pas la chaleur, les chocs, et qu’il peut manifester sa fin de vie de manière assez violente.

Et pour finir, un conseil :

si un jour, en passant devant une fenêtre, vous assistez à un bien curieux spectacle, surtout passez votre chemin sans rien dire… Il en existe assez comme ça… Des composants aux noms bizarres. 🙂

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A bientôt.

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